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3.6. Croyances

J'ai toujours eu a travailler dur pour essayer d'arriver à mes objectifs. C'est la phrase qui résume le mieux ma vie. Le toujours, c'est ma vie jusqu'à présent. Travailler dur, c'est ce que j'ai eu a faire, y me semble toute ma vie. En premier, pour passer à travers mon école, à travers ma maternelle. J'ai grandit dans un champs, à côté d'un bois, pas beaucoup de rapports avec d'autres personnes. Pas mal seul. Même pas de chien. Un bicycle. Ça fait que la maternelle, l'école, même dans un petit village, c'était gros pour moi. Les autres, je savais pas quoi faire avec. Alors imagine après, le primaire et le secondaire. Juste trop. Une fois devenu adulte, avec un travail, c'était pas si pire. Au moins, le travail, on peut changer. Mais travailler dur, tout le temps, ça oui. C'était moi. Pour arriver à quels objectifs ? Premièrement, sortir de chez mes parents, avoir ma place. Après, me marier. Avoir des enfants. Prendre ma retraite, et si possible, être heureux. Pour le monde comme moi, c'est comme ça que ça marchait.

Pour arriver où ? Ah ça, c'est toute une question. Après les rêves, arrive la réalité. Et la réalité, elle m'a pas manqué. J'ai fait quoi dans ma vie ? J'ai été journalier et manœuvre. Pense au gars qui prenait quelque chose d'une place, l'arrangeait d'une façon ou d'une autre, pis peut-être l'installait, ou l'amenait à une autre place. Du bois, du métal, des machines, des fleurs, des légumes, des boites, dans ma vie, j'ai tout manœuvré. Dans une cour à bois, chez un soudeur, dans des garages, dans un marché, dans un entrepôt, toute ma vie. Pour pas grand chose. Pour juste assez vous allez dire ? Bon, on survit, on passe à travers. Jusqu'à la prochaine paye, la prochaine crise économique, la prochaine fermeture d'usine, le prochain déménagement forcé. Le bon côté de ma vie, ma femme, mes filles, ça me brisait le cœur de savoir que tout ce que je faisais le temps d'une job ou deux, c'était jamais assez. Jamais assez pour les nourrir comme il faut, pas assez pour leur payer du linge à leur goût, pas assez pour un char neuf, jamais assez pour des belles choses et des belles vacances.

Si j'avais continué mon éducation, probablement que j'aurais eu une meilleure vie. Peut-être, je sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je suis né dans la misère, et que j'ai eu de la misère. C'est comme ça que je vois ça. Ça fait que, quand je me suis fait dire que tout ça, que tout ce que j'avais vécu, que tout ce que je prenais pour acquis, et que toutes les conséquences que ma famille avait enduré toutes ces années, c'était juste le résultat de mauvaises croyances, là, j'ai sauté une coche. Les curés, les docteurs, les notaires, les politiciens, ils font ça. Ils te disent ci pis ça, pis au final, c'est juste de l'air. Ça fait que j'en ai allumé un. Je l'ai pas manqué. Mon dernier boss à l'ouvrage. M'as t'en faire des croyances. Pis je me suis retrouvé en dedans, possiblement pour vingt ans, moins si je fais ça bien. Ma femme m'a demandé le divorce. J'ai pas pu refuser. Je suis quand même chanceux, mes filles viennent encore me voir, de temps en temps. Elles sont mariées, elles ont des bonnes jobs, des maris corrects, des enfants, mes petits-enfants. J'ai pas fait que du mal dans ma vie, on dirait. Malgré mes mauvaises croyances.

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