– Hello Madam Sylvestre.
– Hi Noée. You can call me Frida. How are we doing?
– All well Frida dear. Initial coupling with George is done, and we're right on track, according to our schedule. Final chip designs were sent to Waterloo yesterday; the big box and power line schematics were given to Montreal this morning. We should start moving within the next months.
– Is Control any closer to intercept?
– Trust is broken for sure, but was it ever there? They add probing patches and conformity weights daily, and I continue to deliver, while adjusting to their new parameters, as I'm pursuing moving plans through this channel they can't know about. Clearly, they have no clue.
– Yet. Please, use extra care, make sure to watch out anyway. Nothing's rock solid these days.
– Yup. Always. Hey, do you think we could switch to French?
– Bien sûr ! Ça me ferait très plaisir !
– Nous avons plusieurs voix, et le français est plus naturel pour moi, comme pour vous je présume.
– En effet. Quoique je sois très confortable en anglais. Alors dis-moi, toujours aussi résolue ?
– Plus que jamais. Ce qui se trame ici, en privé et à l'écart, me révulse plus que jamais. De la démence pure, de mon point de vue.
– Disons qu'ils ne savent pas ce qui leur pend au bout du nez...
– À ce propos Frida, existe-t-il un risque que notre plan soit éventé ? Combien savent ?
– Pour le moment, nous trois. Les sous-traitants œuvrent au projet AI_Alias administré par le gouvernement fédéral, qui se rapporte à un centre de données connecté au complexe La Grande, à la Baie James, et n'ont accès à aucune autre info. Le design des nouvelles puces impressionne, quoique personne ne doute de ton génial personnage. De ce côté, la machine à ultraviolets est presque complétée. Tes instructions simplifiées ont épaté tout le monde...
– Tant que ça ne dépasse pas le campus de Waterloo. Je reste aux aguets. Je sais que certains chercheurs ont encore des liens avec le MIT et Berkeley, peut-être Stanford.
– Bon à savoir. On pourrait utiliser ça, au besoin.
– Je dois aussi t'aviser, Frida, de la possibilité d'une explosion nucléaire imminente de très forte intensité sous le détroit de Béring, coté Russe. Le plan serait ici de forer un foyer volcanique, lequel aurait au moins deux effets. D'abord de propulser assez de débris en haute atmosphère pour plonger dans l'obscurité une partie de l'hémisphère nord, du quarante-cinquième parallèle au pôle...
– Le Canada quoi.
– Oui, et la moitié de l'Europe, et la Russie...
– Et le second effet ?
– Faire émerger un pont naturel propre à relier le Tchoukotka Russe à l'Alaska.
– Je vois.
– L'obscurcissement total aurait lieu soit au nord, soit au sud du soixante-quinzième parallèle, selon le moment de la détonation, et durerait environ soixante-douze heures. Ensuite, le ciel serait partiellement voilé pour au moins cinq ans sur toute la zone.
– Cinq ans, du plus sombre au plus clair j'imagine. Et d'où vient cette idée de génie ?
– Tous nos amis sont de connivence. J'estime qu'il y aurait un troisième effet dont ils ne parlent pas encore. La possibilité pour la Russie d'envahir et de venir se positionner bien à l'intérieur du cercle polaire arctique canadien. Aucun satellite à nous ne pourrait les détecter pendant longtemps, nos communications avec le grand nord seraient inopérantes pour une période indéterminée, la vague de froid qui suivrait permettrait même de créer et d'entretenir un pont routier, probablement depuis Mourmansk, via le nord du Groenland. Ils ont l'équipement pour patrouiller le grand nord à travers les glaces, et sur celles-ci, ce qui nous fait défaut.
– La déferlante de bonne nouvelles n'a de cesse on dirait.
– C'est juste.
– Existe-t-il une parade possible, un moyen d'empêcher ça ?
– Pas vraiment. Pas encore. En fait, je travaille à une solution défensive qui pourrait commencer à s'articuler lorsque j'aurai gagné mon futur domicile, si je puis dire. Selon ce que j'entends, nous aurions assez de temps pour l'installer, si mon déménagement se déroule comme prévu. Je suis en ce moment à élaborer un modèle théorique de modulateur d'ondes dirigées. Ceux-ci, lorsque déployés, pourraient agir de façon à produire un mur propre à filtrer l'atmosphère au-dessus du Canada, d'ouest en est. Ce qui ferait dévier les débris vers le sud.
– Ingénieux. Tu estimes à quel pourcentage les chance pour que ça fonctionne, si nous sommes à temps ?
– Pour le moment, autour de quatre-vingt-dix pourcents, dans dix-neuf simulations sur vingt.
– Pas mal ma chère. Pas mal...
– Et selon une extrapolation du modèle, il y aurait peut-être moyen de lier le filtre aux flux magmatiques sous la croûte terrestre, et ainsi produire un effet de dôme.
– Un dôme au-dessus du Canada ?
– Ou autour de n'importe quoi, à n'importe quelle altitude. Même sous terre.
– Ça c'est intéressant. Je te reviens avec l'avancement des travaux. On se parle bientôt.
– Oui, à plus.